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lundi 10 avril 2017

Harcèlement moral en entreprise et management par la terreur : soutien au film CORPORATE


A l'occasion de la sortie du film CorporateGrazia a interviewé Nicolas Silhol, le réalisateur.
Pourquoi Corporate vous tenait-il à cœur ?
Nicolas Silhol : Depuis toujours, les rapports humains en entreprise m'intéressent. Mon père est consultant en ressources humaines, j'ai beaucoup échangé avec lui. Il y a près de dix ans, quand une vague de suicides a frappé France Télécom (35 entre 2008 et 2009, ndlr) , le cynisme de son PDG (Didier Lombard, mis en examen le 4 juillet 2012 pour "harcèlement moral", ndlr)m'a sidéré. Il avait demandé que cette "mode du suicide"s'arrête. Comme si la faute pesait sur les salariés.
Quel a été l'élément déclencheur ?
J'ai rencontré, lors d'un séminaire sur le "management par la terreur", une manageuse qui racontait comment elle avait mis la pression à des salariés pour les pousser à la démission, avant d'avoir cette formule choc : "Ça ne passera plus par moi." J'ai voulu imaginer son histoire. Le personnage d'Emilie (Céline Sallette) était né. Le livre Souffrance en France de Christophe Dejours nous a inspirés, mon scénariste et moi.
Avez-vous suivi des inspecteurs du travail ?
Oui, six ou sept et un inspecteur de La Défense (92) m'a accompagné tout au long du film. Violaine Fumeau, qui joue l'inspectrice, en a rencontré également. Certains nous ont raconté que l'inspection du travail aussi avait été touchée par des vagues de suicides. Corporate rappelle les faits à France Télécom, à La Poste, à la SNCF... J'ai l'impression qu'on a affaire à un fléau qui touche tout le secteur public. Parallèlement, les candidats à la présidentielle n'évoquent pas la place du salarié dans l'entreprise. Cette campagne est un désastre.
Souhaitez-vous que votre film soit un électrochoc ?
J'aimerais qu'il puisse donner le courage à un salarié de s'inscrire en rupture avec un système qui repose sur la loi du silence ou sur le déni, et que cette rupture fasse boule de neige. Pour moi, à la fin, Emilie est une héroïne, elle devient lanceur d'alerte avec une particularité : elle n'est pas sortie d'affaire, car elle va devoir témoigner, et répondre de ce qu'elle a fait. Lors de nos avant-premières, j'ai reçu de nombreux témoignages très forts auxquels je ne m'attendais pas. Des choses troublantes m'ont marqué dont je ne peux pas parler, parce qu'elles appartiennent à chacun. A mon grand étonnement, même des journalistes sont venus me dire qu'ils étaient victimes de ces méthodes de management.
Film Corporate. En salle depuis le 5 avril 2017.

SOURCE : Magazine GRAZIA. 

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